Consciences en convergences
Transmettre les Mémoires par la littérature et le théâtre
Quelques mots
« Chacun d’entre nous détient une parcelle de l’étincelle qui nous maintient tous en vie »
Je n’écris que pour cela, transmettre, être passerelle, une passerelle de mots pour tentative de germination. À l’image du personnage principal de mon roman, le maestro Yann Holdman, qui jette des graines aux oiseaux et sème par ce geste du vivant. Comment transcender Éros pour distancier Thanatos.
« Chaque tragédie/génocide/exil est unique pour celui qui le vit, mais parce que nous sommes des êtres humains, nos sentiments et nos ressentis sont proches (deuil, colère, nostalgie, sentiment d’inadéquation, culpabilité) même s’ils se traduisent différemment selon les cultures et les personnalités. C’est ce qui rassemble, jamais je ne pourrais me mettre à votre place mais mon drame personnel me permet d’être en empathie en toute humilité et sans entrer dans le jeu de la comparaison et de la hiérarchie des tragédies. Je ne peux pas « comprendre » ce qui vous arrive, mais je peux comprendre que vous souffrez. »

C’est tout le propos du projet « Conscience en convergences », né de ce roman.
Et pour les graines semées, la récolte est déjà belle, en témoignent les nombreuses réactions de lecteurs et les critiques littéraires qui me parviennent. L’une d’entre elles, reçue du blog littéraire de Monique Molière, est en pleine convergence avec le projet artistique :
«Il y a Yann Holdman, un vieil homme emprisonné par les diktats de sa mémoire, qui tisse son désespoir sur le banc d’un jardin en lisant les lettres de Marthe, de Léa… Il fait froid. Les oiseaux se regroupent, alors il commence son récit pour ce public ailé. C’était il y a longtemps, son talent prometteur l’avait hissé à la direction de l’orchestre philharmonique de Vienne, l’avenir lui souriait, mais la guerre doublée d’une politique d’extermination des Juifs a tout détruit. Arrestations, internements, la famille fuit, s’éparpille, se désagrège. Traumatismes, insomnies, larmes, nul n’en sortit indemne. La mort arrêta la vie.
Bouleversant, profondément humain, ce récit est un cri de désespoir, et aussi un véritable réquisitoire contre l’absurdité des guerres. En filigrane, il nous renvoie aux reflets encore incertains des soubresauts géopolitiques actuels et du racisme. »
Monique Molière
Mon parcours avec le Théâtre…
J’ai navigué par, pour, et avec le théâtre depuis mes premiers pas sur les planches. C’était en 1980, mon premier rôle. Le Théâtre des Nombres montait « Monsieur Fugue ou le mal de terre » de Liliane Atlan, mise en scène par Jean-Louis Amar. Un texte fort, qui déjà préfigurait mon engagement autour de la transmission des Mémoires.
Bien plus tard, je rencontre Denis Lllorca et j’intègre la compagnie Étoile de l’Aube pendant deux ans, quelques brèves apparitions sur scène. En 1998, j’ai eu l’immense privilège de jouer avec Isabelle Sadoyan et Isabelle Le Nouvel, dans Savannah Bay de Marguerite Duras, mise en scène par Catherine Sermet. J’en ai cultivé depuis une réelle humilité et le respect profond du théâtre.
Mon écriture…
L’écriture, la mienne, toujours en filigrane dans chaque acte de ma vie, habite un espace hors du champ de l’explicable. Mon cinquième roman, « Au nom des oiseaux » aux éditions Donjon, est au cœur de cet acte artistique et citoyen, que j’ai nommé « Consciences en convergence ».
Ce roman raconte l’histoire de personnages reliés par une tragédie historique, la Shoah, à l’un d’entre eux, passerelle entre tous les autres. Un homme qui aurait pu changer le cours des choses. Et ne l’avait pas fait. Qui aurait pu rendre l’amour qu’il avait généré. Et ne l’avait pas fait. Qui aurait pu donner la vie… et ne l’avait pas fait. Seul. Avec un océan de mots pour attiser les regrets. Et des oiseaux pour public, le dernier public de celui qui fut reconnu comme le plus grand chef d’orchestre de tous les temps. Et le refusa.
Sarah Oling
